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A l’occasion de l’année du cinquantenaire du club, « Le Maire » évoque quelques-uns de ses souvenirs les plus marquants sous le maillot « Black&Yellow ».

Mamadou Dia a définitivement mis fin à sa carrière de joueur après 15 ans de bons et loyaux services sous le maillot fosséen, et une dernière pige du côté de Sapela en Nationale 2.

Après le retrait de Rémi Giuitta du poste de coach de Fos Provence Basket, c’est également une page qui s’est tournée puisque « Le Maire » a également quitté son mandat d’éducateur au sein des BYers.  Pendant ces 15 ans, les émotions ont été nombreuses, des débuts en N2 jusqu’au plus haut échelon du basket français. Avec chaque saison son lot de joies, de déceptions, de moments forts.  

Pour boucler la boucle, Mamadou Dia a accepté de revenir en profondeur sur cinq de ses meilleurs souvenirs en BYer, à travers un match, une montée, un coéquipier, une défaite marquante, et une anecdote. Un genre de cinq majeur de ses meilleurs souvenirs ! Quoi de mieux que le 11 novembre pour publier l’entretien du numéro 11 de légende de Fos Provence Basket !

Un match :  

Le dernier Fos Provence Basket – Asvel, au Palais des Sports de Marseille le 18 mai 2019  

C’est un match qui ressort, parce que c’était une sorte d’aboutissement, d’arriver au dernier match de ma carrière, au plus haut-niveau du basket français, à Marseille, après des années à y avoir joué des matchs de gala, et face à l’Asvel, l’un des plus grands palmarès du basket français. C’était comme dans un rêve, je ne pouvais pas rêver meilleure sortie.  

Pour commencer, je n’avais pas dormi de la nuit bien sûr la veille. Je sentais bien qu’il y avait quelque chose qui se manigançait, sans savoir vraiment quoi. Il y a eu une fuite le matin, quand mon beau-frère m’a laissé un message, en me disant qu’il me félicitait pour ma carrière et qu’il ne pouvait pas être là pour assister au match. Il a fait une petite boulette (rires). Parce que je n’étais pas censé savoir. J’ai alors su qu’il se tramait quelque chose.  

Je me suis ensuite concentré sur le match. Je me souviens que j’avais une grosse pression. J’étais triste, j’ai ressenti un mélange de sensations. J’appelais mes amis, j’en pleurais en me disant que c’était la fin. L’accueil était marrant puisqu’il y avait une caméra pour me suivre. Et puis la vidéo, qui m’a fait apprendre des trucs : le nombre de points, de matchs, d’heures d’entraînement, c’est bien Rémi ça je pense… J’étais un peu ému et en même temps j’essayais de ne pas trop me focaliser sur tout ça.  

Et enfin le match, face à l’Asvel, le futur champion de France cette année-là. J’étais content, et un peu déçu parce qu’il n’y avait pas Nordine Ghrib, qui fait partie des coachs à qui je dois beaucoup. J’ai aussi une grande histoire avec l’Asvel puisque lorsque je jouais à Saint-Chamond, il y avait mon grand frère Moustapha Sonko et j’étais tout le temps là-bas. J’ai eu des affinités avec quelques joueurs comme Art Long, Steven Smith, Shawta Roger, Andre Owens et donc Sacha Giffa.  

J’en étais tellement ému que j’ai eu du mal à mettre des points ce jour-là (Rires). J’étais ému et perdu. A la présentation des joueurs, quand j’ai vu toute ma famille, ça a été la goutte d’eau. Parce que tout ce temps je pensais à eux, au fait de ne pas avoir profité de mes neveux et de ma famille parce que ça fait 23 ans que je tourne. Et à ce moment-là, je les vois arriver tous, mes nièces, mes sœurs, mes meilleurs amis, avec tous mes anciens coéquipiers avec mon maillot, ça m’a fait quelque chose. Je ne pourrais pas expliquer ce que j’ai ressenti.

Une montée : 2017-2018, de la Pro B à la Betclic Elite 

J’en ai connu trois, on peut dire même quatre avec celle de 2021 même si je suis sorti de ma retraite pour revenir seulement en fin de saison. La première en 2007, de la N2 à la N1, ça aurait été un échec si on n’était pas monté, parce qu’on avait vraiment une très grosse équipe. Sur le papier, c’était de la N1 +, et encore. On était obligé de monter. Et humainement, je crois que ça a été la meilleure saison.  

La montée en Pro B a été particulière puisqu’on est monté administrativement alors qu’on avait fini 3e. Donc je retiens celle de 2017-2018, de la Pro B à la première division.

C’était une autre sensation. Tu as tout connu avec ton club, où tu es arrivé en N2. Tu as fait la N1, 7-8 ans en Pro B, et là, de pouvoir rester tout ce temps et participer à une nouvelle montée, au plus haut échelon national, avec ton club de cœur… Je souhaite à tout sportif de pouvoir vivre ça. De grandir avec ton club, connaître les murs, les gardiens de la salle, se sentir chez soi, ça n’a pas de prix.  

Sur la finale face à Roanne, je joue en première mi-temps, et suite à la décision du coach, je ne rejoue plus jusqu’à la fin du match suivant, à deux minutes de la fin. Et à mon âge, les anciens les savent, ce n’est pas facile de rester longtemps inactif et de repartir à fond. En face, il y avait Ben Mbala qui nous fatiguait, et qui avait quatre fautes. On était à deux minutes du bonheur, de la montée. Rémi vient, il y a même une photo de ce moment. Il me demande si je suis prêt, comme il avait l’habitude de le faire. Je l’ai regardé du genre « Qu’est-ce que tu me racontes ? Bien sûr ! ». J’aime ces moments-là, je ne me suis jamais défilé, au contraire, j’aime quand il y a de la tension. Je rentre, je provoque le passage en force et sa cinquième faute. Ça a été un coaching gagnant, et ça a bien résumé notre relation. Qui l’aurait fait à sa place ?  

Chacun choisit sa façon de faire, en tout cas moi, je ne regrette rien. Et cette montée, ça a été extraordinaire. Il m’a fallu bien 2-3 semaines pour réaliser qu’on l’avait fait.  

Un coéquipier : Sacha Giffa (2011-2013) 

Évidemment, c’est un choix très difficile, il y en a eu tellement ! Tellement de très bons. Il y a Sacha, il y a Abgue (Barakaou)… Il y en a d’autres ! Mais Sacha et Abgue c’est vrai que c’est quelque chose.  

Sacha je l’ai connu en 1997, lorsqu’il jouait à Levallois. Sacha, c’est une grande histoire. C’est mon frère. Il m’a toujours impressionné par sa taille et son poste de jeu. Quand il était jeune, il était beaucoup plus mobile, et il avait déjà un QI basket incroyable. Défensivement, je me demandais comment il faisait. Je l’ai vu tenir des monstres, des 2,15m, 2,20m. Personne ne le bougeait ! Même quand il a été à Chalon-sur-Saône ensuite (1999-2002), il venait me voir à Lyon, on sortait…  

Abgue, on a signé en même temps et c’est devenu ensuite l’un de mes meilleurs potes. C’est la famille. On nous appelait le grand et le petit sur Marseille. Ces deux-là ressortent parmi beaucoup d’anciens coéquipiers qui se reconnaîtront.  

Une défaite : Limoges en demi-finale des playoffs d’accession 2012 

Il n’y a aucun doute sur ce choix puisque ça a été en plus l’une des premières fois où on se frottait en quelque sorte à l’élite du basket français, après seulement quelques années en Pro B. Et parce qu’on avait fait mieux que tenir le coup.  

On perd le premier match là-bas, on sort un gros match chez nous et on gagne, et on perd cette belle dans des conditions incroyables, puisqu’on était je crois à +7 au début du quatrième quart-temps. C’est le fameux match où Richard Roby se fait expulser. On avait fait trembler Beaublanc, dans cette ambiance unique en France. C’est l’un des matchs où j’avais été le plus fier de ma team et de moi-même.  

Et aujourd’hui je peux le dire, sans l’aide des arbitres ce match-là, je crois qu’on aurait pu être en Pro A bien plus tôt. Ça nous a fait grandir en termes d’expérience. On a aussi compris que le fameux « arbitrage maison », ça existe vraiment.

Big up a Raphaël Desroses qui a vraiment donné de sa personne ce soir-là. Il s’est affiché devant toute la France, mais grâce à sa provocation, Limoges s’en est sorti. Parce que Roby était injouable ce soir-là, intenable. Et les coups de sifflets des arbitres qui nous ont tués, je les ai toujours en travers de la gorge. 

CREDIT PHOTO SEBASTIEN GRASSET

Une anecdote : « Zanzan ! » 

Il y en a eu tellement, certaines connues d’autres moins connues. Je cherche un truc marrant, qui ne serait encore jamais sorti. Évidemment je ne peux pas évoquer les escapades nocturnes pour des raisons de secret professionnel.  

Je vais en dire une sur moi : souvent avant les matchs, je prenais du Guronzan et je surdosais. C’est un produit qui te réveille un peu et je ne conseille pas de le faire. C’est comme un booster, mais ce n’est pas un produit dopant.  

Ça s’est su dans le vestiaire. Et quand je surdosais, ça m’arrivait d’avoir des problèmes… gastriques. Du coup, j’en ai loupé des présentations de matchs ! Quand le speaker annonce « Mamadou Dia », ils répondaient « Il est aux toilettes ». C’est arrivé plusieurs fois. Et du coup, certains m’appelaient « Zanzan ».  

Je peux aussi en glisser une autre pour faire un petit clin d’œil à Rémi (Giuitta) et terminer par la personne qui a le plus compté pour moi durant ma carrière à Fos-sur-Mer. Les gens de l’extérieur ne le savent pas, mais Rémi est très superstitieux. Et je me rappelle un match de playoffs à Lille, premier tour de playoffs je crois, où il faisait archi chaud et où Rémi avait mis sa chemise fétiche. Cette chemise, c’était du 100% victoire !

Rémi aussi avait très chaud, il transpirait beaucoup, et à un moment donné, je crois qu’il a eu un petit malaise. Il est tombé, et je crois que c’est Hervé (Gozzi) qui a voulu lui donner un peu d’air en commençant à la déboutonner. Et là Rémi s’est réveillé et il a crié « Non ! », simplement parce qu’il ne voulait pas l’enlever (rires).

J’étais sur le banc, je l’ai vu tomber. On avait peur ! Les yeux fermés… Et c’est le fait d’essayer de lui enlever sa chemise qui l’a fait se réveiller. Je l’entends encore crier ! (rires)  Il faut croire qu’il avait eu raison de la garder puisqu’on avait gagné ce soir là (88-80).