La trêve internationale a été l’occasion de prendre des nouvelles de Bodian Massa, l’un des brillants ambassadeurs du club « Black&Yellow » où il a été formé de 2014 à 2017 avant de franchir le cap en professionnel, en Pro B puis en Betclic Elite avec le maillot de Fos Provence Basket.
Son parcours exceptionnel, par la façon qu’il a eu de gravir les échelons avec Fos-sur-Mer, jusqu’à obtenir ensuite sa première sélection en équipe de France A, rappelle un peu celui de Mamadou Dia. Pour l’ensemble de leur œuvre, les deux ont ainsi vu leur maillot être retirés par Fos Provence Basket. Mamadou Dia est aujourd’hui assistant de Rémi Giuitta sur le banc des BYers, et Bodian Massa est le parrain de la BYers Academy.
Depuis cet été, le pivot de 27 ans a mis le cap sur la Catalogne en signant au Bàsquet Manresa, et s’apprête à affronter le FC Barcelone de Youssoupha Fall, Willy Hernangomez et Jan Vesely ce dimanche. Avant de replonger dans le championnat en Espagne comme en France, on clôture donc cette parenthèse internationale avec cet entretien de Bodian Massa, toujours aussi attaché à son club de cœur.
Salut Bodian ! Comment ça va ? Comment se passe ta première expérience à l’étranger ?
Salut à tous ! Pour l’instant, ça se passe plutôt bien. Ce n’est pas évident de partir à l’étranger, quand tu ne connais pas vraiment la langue, que tu es un peu isolé de tous tes proches. Mais pour l’instant ça se passe bien, même en terme de vie sociale, en dehors du basket.
Et sur le plan basket, comme s’est passée ton adaptation ?
Au début, c’est sûr que ce n’était pas évident, dans le sens où je me suis blessé au bout d’une semaine. Je dirais que c’est totalement différent. C’est un championnat où il y a beaucoup d’intensité, de course, il n’y a pas vraiment de petites équipes. Tu peux vite te faire surprendre si tu prends tes adversaires un peu de haut. Tous les week-ends, tu te dois d’être à 100%. Tu te rends compte que ça peut aller super vite. En terme d’entraînement, c’est vrai que je n’avais pas vraiment connu ça, au niveau de l’intensité. C’est aussi la philosophie de notre coach à Manresa, qui veut qu’on joue avec beaucoup d’intensité et de course.
Tu es revenu de blessure depuis cinq matchs. Tu es satisfait de ton retour ?
Oui, pour le coup ça se passe bien. J’ai bien repris. Ils ont pris soin de moi, avec le préparateur physique, pour que je puisse reprendre dans de bonnes conditions. Jusqu’à présent ça va. Je peux mieux faire, et en même temps ça aurait pu être moins bien. Je suis toujours en progression.
Est ce que tu as toujours l’occasion de suivre les résultats de ton club formateur ?
Honnêtement cette saison, j’essaie de suivre, mais malheureusement je suis ça de loin. Aujourd’hui il y a LNB TV donc je peux toujours suivre les matchs, même de loin. J’ai pu regarder quelques matchs cette année. Le principal, c’est déjà que le résultats sont meilleurs que la saison précédente, et que les gens adhèrent toujours au projet et qu’ils sont toujours derrière l’équipe.
En avril 2023 pour ton retour à la Halle Henri Giuitta avec Strasbourg, le club a retiré ton maillot et t’a nommé parrain officiel de la BYers Academy. Qu’est ce que ça t’as fait d’avoir été honoré de la sorte ce soir là ?
Le moment, il était exceptionnel. Le match par contre, il n’était pas à mon avantage ! (Rires). Pour moi, ce sera un moment gravé à jamais dans ma mémoire. Je ne l’oublierai jamais. Comme tout le monde le sait, même si je suis loin, et que je ne peux pas forcément être présent parce qu’on a tous nos obligations, Fos-sur-Mer restera à jamais gravé en moi, et les personnes de Fos, les supporters et les gens qui y travaillent, on se connaît toujours tous autant.
En tout cas, je remercie le club d’avoir fait ça pour moi. Et puis c’était inespéré sachant que ma mère venait de Paris et que ma grand-mère qui est à Marseille, n’était jamais venue voir un match. Du coup, d’avoir toute ma famille présente, ça m’a sonné et on a vu que sur le match, je n’avais pas été bon du tout ! (Rires). On vit aussi pour ce genre de moments et pas forcément que pour gagner des matchs.
Aujourd’hui, c’est Willan Marie-Anaïs et Kevin Minar qui incarnent le succès de la BYers Academy au sein de l’équipe première. As-tu connu Willan à ses débuts ?
En fait on s’est croisés. L’année où on est en Pro A avec Fos et on se maintient, en 2021-2022, Willan était encore au centre de formation à Fos. Ça fait qu’on s’est croisé, mais je ne le connaissais pas forcément plus que ça. A l’époque, il était encore en cadet je crois. Maintenant, je le connais par rapport à ce qu’il fait sur le terrain, et on s’est déjà recroisé.
Qu’est ce que ton passage à la BYers Academy t’as principalement appris ?
Je ne sais pas trop comment le dire, mais quand on est au centre de formation de Fos-sur-Mer, on ne fait pas forcément partie des centres de formation les plus huppés. Même s’ils ont fait la finale des playoffs l’année dernière, on peut dire qu’on vient d’en bas, et que parmi tous les joueurs de ta génération qui veulent finir professionnels, on n’est pas forcément au top de la liste. Du coup, il va falloir donner encore plus, et ce côté là, qui va faire que tu fais tout pour te dépasser, c’est quelque chose qui va plaire aux entraîneurs. L’idée, c’est d’être toujours à fond. Notre entraîneur faisait en sorte qu’on soit toujours à 100%, et aujourd’hui ça me permet d’avoir cette hargne, à chaque fois que je vais à l’entraînement. On me dit souvent : « Bodian, tu es tout le temps à fond ». C’est vrai, notamment par rapport à ça, au fait que lorsque j’étais plus jeune, j’étais déjà tout le temps à fond.
Parmi les personnes qui ont accompagné ta progression, il y a notamment Mamadou Dia, qui jouait au même poste que toi et qui est aujourd’hui l’assistant de Rémi Giuitta. Quel rôle a-t-il eu dans ton parcours ?
Mamadou, il a déjà eu un rôle de grand frère. Bien sûr, il m’a entraîné, il me faisait faire des entraînements individuels, mais ça a toujours été un grand frère avant tout. Quand on avait les ailes qui brûlaient un peu, il nous disait de garder les pieds sur terre. Il nous disait ce qu’on faisait de bien aussi. Et même quand il a quitté Fos-sur-Mer pour aller à Sapela, il nous appelait toujours pour nous maintenir dans le bon chemin. Voilà un peu le rôle qu’il a eu, auprès de moi et aussi des autres joueurs qui étaient au centre de formation.
Un mot sur Rémi Giuitta également, qui a été prépondérant dans ton évolution, d’espoir à la Pro B puis la première division ?
Rémi a toujours su me donner confiance. Pour lui aussi, avant que ce soit mon entraîneur, s’il ne l’avait pas été, ça aurait aussi très bien pu être une personne avec qui j’aurais pu m’entendre dans la vraie vie. Et c’est d’ailleurs le cas. Il a toujours été à l’écoute et il a toujours su me donner confiance dans des moments un peu plus durs. Après, forcément, c’est un coach et il doit faire ses choix, mais, même quand il les faisait, il ne m’a jamais réellement mis de côté. En tant qu’humain, je me suis toujours senti respecté, et ça c’est la chose la plus importante pour moi. Il a su installer un niveau de confiance, bien sûr, à te dire qu’il faut être exigeant, qu’il va falloir du temps mais il y a un potentiel. Et le jour où tu voudras vraiment faire les choses bien, tu verras que tu iras au plus haut niveau.
Au delà de ton brillant parcours en club depuis ton départ, tu as également été sélectionné en Equipe de France. Que retires tu de cette expérience ?
Pour moi, c’est exceptionnel. Peut-être que pour certains, ça a toujours été un objectif dans leur vie. Mais pour moi, c’est exceptionnel. Quand je vois d’où je pars et jusqu’où je suis allé. Même en étant dans ma troisième ou quatrième année avec Fos, même en Pro A, je n’aurais jamais pensé que j’aurais un jour une sélection en Equipe de France. Ça me permet d’engranger un maximum d’expérience, de rencontrer des joueurs qui ont fait des choses exceptionnelles, d’échanger avec eux. Ça te permet de voir le niveau de différence que tu as avec eux et de te remettre les pieds sur terres si tu te prends pour Michael Jordan. Au regard de mon parcours, mon vécu, je n’aurais jamais pensé pouvoir toucher ça un jour. Grâce à Dieu j’ai réussi à en arriver là. J’espère que ce n’est pas fini.
Petite anecdote en plus, pour dire à quel point je ne pensais pas que ça puisse être possible : quelques mois avant la fenêtre de novembre 2022 quand j’ai été partenaire d’entraînement pour la première fois, j’étais au Sénégal et j’avais fait des démarches auprès de la Fédération pour pouvoir essayer de jouer avec le Sénégal. C’est dire à quel point j’étais loin à l’idée de penser aller en Equipe de France. Pour moi c’était intouchable. J’y suis allé pendant les fenêtres internationales et pas pour une compétition internationale. Pourquoi pas un jour ? C’est l’objectif, je ne me fixe pas de limites.
La prochaine fenêtre de février est un objectif ?
Février, c’est encore loin. En tant que compétiteur, on a évidemment envie d’être parmi les meilleurs et de représenter son pays. Si je ne suis pas sélectionné, ça ne sera pas une fin en soi. Et je regarderai l’équipe de France à la télévision. Mais c’est sûr que j’aimerais bien y regoûter, et pourquoi pas faire un jour une compétition internationale.
Merci Bodian, tu es prêt pour affronter l’armada barcelonaise dimanche ?
Oui, on enchaîne les grosses équipes ici. Quand tu es dedans, c’est sûr que tu es impressionné de jouer des équipes comme ça. Mais en fait, tu ne peux pas trop t’extasier non plus et ton entraîneur est là pour te le rappeler. C’est Barcelone, mais ils ne sont pas invincibles. C’est sûr que c’est incroyable… On a aussi joué le Real Madrid. Tous les week-ends tu rencontres de grosses équipes. C’est pour ça que tout le monde dit que c’est le championnat le plus relevé. Par exemple Barcelone, ils ne sont pas plus impressionnants en championnat que Malaga peut l’être. Mais c’est vrai qu’au niveau des intérieurs, c’est costaud !