
C’est le début d’une nouvelle ère qui se précise pour Fos Provence Basket. Après la nomination d’Emmanuel Schmitt au poste d’entraîneur début juin, la construction d’un tout nouvel effectif qui sort de six semaines d’une intense préparation, et l’officialisation de Rémi Giuitta en tant que président, ce tout nouveau projet placé sous le signe du rebond va se concrétiser ce vendredi soir avec la réception de Metz à la Halle du docteur Henri Giuitta (20h) pour la première journée de Nationale 1.
A la tête d’une équipe qui aura pour mission de remonter en Pro B dès cette saison, Emmanuel Schmitt s’est livré au traditionnel entretien de rentrée qu’il va attaquer avec enthousiasme et ambition. Même diminué, son groupe a déjà montré de très bonnes choses en termes de contenu et d’état d’esprit. Reste à concrétiser tout ça vendredi pour démarrer la saison du bon pied !
Bonjour coach ! Pour commencer, peut-on revenir sur tes premiers contacts avec le club. Comment s’est déroulée ton arrivée à Fos-sur-Mer ?
Mon tout premier contact avec Fos-sur-Mer remonte à 2006. On était venu deux années de suite avec l’équipe nationale suisse, où il y avait notamment Thabo Sefolosha, qui venait d’être drafté en NBA, pour participer au tournoi de Fos-sur-Mer. Et j’en avais gardé un très bon souvenir. Bien sûr, on a été adversaires ensuite, avec Hyères-Toulon (2017-2018) puis Aix-Maurienne (2019-2021 puis 2023-2024).
Au sujet de mon arrivée, on a eu des discussions assez tôt avec Rémi. Ça fait très longtemps qu’on se connaît, et depuis vingt ans, on est toujours resté en contact. C’est clair que Fos-sur-Mer, ce n’est pas un club comme les autres pour moi. Et même s’il y a eu des désillusions sur le plan sportif ces dernières années, pour moi ce n’est pas un club de Nationale 1. A partir du moment où il y a eu la possibilité de participer à ce projet, je m’y suis évidemment intéressé.
Ce que je recherche avant tout, c’est l’aventure humaine, d’être dans un club où je sens qu’il y a cet aspect humain, avec une histoire un peu particulière. J’ai passé neuf à Chalon-sur-Saône, ce sont des histoires qui se ressemblent, avec la montée en Pro A. Aix-Maurienne c’est pareil, un club particulier et Fos, c’est la même chose. Il y a une identité particulière, et j’aime ça. Je suis très honoré d’avoir été sollicité pour faire partie de la suite de cette histoire et apporter ce que je peux à un club qui est aujourd’hui un club historique du basket français. Je suis très fier d’être le coach de cette équipe.
Que retiens-tu de tes premiers pas au club ?
J’ai signé au début du mois de juin, et j’ai pu y passer pas mal de temps. J’ai rencontré beaucoup de personnes qui sont les composantes du club, à la soirée de clôture des jeunes, des partenaires, et j’ai vraiment ressenti quelque chose de fort, en terme d’identité de club. Même au delà de ce que je pouvais imaginer. Ça ne me fait qu’être encore plus heureux, reconnaissant et motivé d’être à la tête de cette équipe pour atteindre cet objectif qui ne sera pas facile à atteindre, il ne faut pas se mentir. En tout cas, il y a tout pour vivre et partager de très grandes émotions.

C’est un défi de taille qui se présente, avec un effectif refaçonné de A à Z. C’est la première fois que tu es amené à repartir d’une page blanche ?
Non, j’ai connu quasiment la même chose à Aix-Maurienne. Là, c’est vrai qu’on repart complètement de zéro, avec également un nouvel assistant. Pour le club c’est également un gros changement, puisqu’à part l’année où Rémy Valin a été ici, c’est Rémi Giuitta qui a toujours assuré cette mission. Ce n’est pas quelque chose qui est nouveau ni qui m’effraie.
Ce n’est jamais facile de construire un collectif, ça demande du temps. Mais je pense aussi qu’au regard du passé récent, c’était peut-être une étape nécessaire, de repartir d’une page blanche. Il n’y a pas d’antécédent ou de traumatisme qu’il peut y avoir quand on vit des désillusions sportives. Ce n’est jamais évident. Là, tous ceux qui arrivent ont un esprit « neuf ».
C’est sûr que ça demande beaucoup de travail. En plus, on a eu des arrivées tardives, des blessés. Mais ce ne sont pas des excuses. Tous les gars qui sont là ont vraiment tous le bon état d’esprit. Tout le monde a compris l’importance de l’objectif. Dans le processus de recrutement, on avait vraiment mis l’accent sur ça. Je l’avais rappelé aux joueurs dès le premier contact et Rémi en a remis une couche derrière. Sur l’état d’esprit, j’ai le sentiment qu’on ne s’est pas trompé sur les gars qu’on a pris. Maintenant, il faut que la mayonnaise monte, qu’on arrive à développer un collectif qui soit le plus fort possible.
On va dans le bon sens, même si on est encore très loin de ce qu’on peut atteindre. Il faut qu’on continuer de progresser, jour après jour, qu’on se préoccupe de ce premier match de championnat qui va arriver contre Metz, et qu’on fasse en sorte de le gagner. Je ne fais aucun plan sur la comète. Mon but, c’est qu’on progresse chaque jour en tant qu’équipe. On a les armes qu’il faut pour être compétitif, on l’a montré sur nos derniers matchs, encore une fois malgré nos absences. C’est un défi, c’est sûr, mais c’est aussi passionnant de construire ce puzzle, d’autant qu’on a les bonnes pièces pour le constituer.
Quel bilan tires-tu de la pré-saison ?
Je suis satisfait de la progression de l’équipe. On avait cet objectif, de progresser chaque jour, et pour moi, ça a été le cas. Il y a eu des choses intéressantes, on a montré qu’on pouvait rivaliser presque 35 minutes sur nos trois matchs contre des équipes de Pro B, et encore face au HTV samedi dernier en Coupe de France.
Le tournoi de Fos-sur-Mer a été très instructif aussi, notamment le match contre Salon, qui nous a montré ce qu’allait être le derby, on a pu mettre le doigt sur certaines choses où on se devait d’être plus performant. Chaque match a été instructif, et je suis content du dernier tournoi qu’on a fait à Tarbes. Même si ce n’est pas la priorité d’une préparation, c’était important de finir aussi sur une victoire (90-83 contre Tarbes-Lourdes). Donc je suis satisfait, malgré les aléas. Il faut faire avec.

Après ces dernières semaines, on a le sentiment que Dominick Bridgewater peut être le véritable fer de lance de cette équipe ? Est ce que tu partages cet avis ?
Oui, c’est complètement l’idée. Dominick a rejoint le projet alors que Châlons-Reims voulait le garder et qu’il y avait beaucoup de clubs de Pro B sur lui. On est vraiment dans la construction d’un projet mutuel.
Lui, sait que s’il veut atteindre le plus haut niveau, il doit gagner en maîtrise sur le poste 1. Tout le monde connaît ses qualités de scoring, maintenant il faut qu’il progresse sur certains aspects défensifs, et la gestion du tempo. Savoir quand accélérer, quand ralentir le rythme, être le patron, le cerveau d’une équipe et pas uniquement le dynamiteur, slasher, scoreur. S’il réussit cette évolution, et c’est vraiment le projet qu’on a avec lui, alors il pourra espérer jouer au plus haut niveau, que ce soit la Betclic Elite, voire plus. Il a démontré qu’il avait les qualités pour, avec l’équipe nationale notamment. Mais il doit encore grandir sur tous ces aspects.
Et bien évidemment, son évolution personnelle doit nous permettre d’atteindre notre objectif. Parce qu’avoir un joueur de ce talent en Nationale 1, il y a quand même peu d’équipes qui en bénéficient.
Même s’il s’est blessé dès son premier match, l’arrivée en fin de préparation de Sadio Doucouré va également apporter un gros plus…
Oui, sa blessure est un contre-temps, mais je suis quelqu’un qui essaie toujours de voir le positif. Sadio a enchaîné la saison complète en Islande puis une autre saison au Mexique. Il est arrivé dans un état de fatigue très avancé. On se posait d’ailleurs la question avec le staff pour savoir comment on allait gérer cet aspect là, car il n’en était pas au même point que les autres, qui avaient coupé tout le mois de juillet, alors que lui était encore en pleine saison.
C’est embêtant, clairement, mais du coup, il va avoir l’occasion de se poser un peu, de recharger les batteries tout en suivant son programme personnalisé. Je suis persuadé que sur le long terme, c’est un mal pour un bien. N’oublions pas que la saison commence le 19 septembre, mais qu’il y a 39 matchs de saison régulière derrière. La saison ne se joue pas fin septembre. Quand il va arriver, ce sera un gros plus pour nous, et il sera frais.

Quels vont être les points forts de ce groupe ?
En premier, je dirais l’état d’esprit, le côté guerrier. Il n’y a que des gars qui veulent gagner et qui l’ont démontré sur les dernières semaines de préparation. Et ce ne sont pas que des paroles.
A Tarbes notamment, il y a eu de la déception après le match de Challans parce qu’on avait fait une bonne prestation, avec Yannis en plus qui ne peut plus jouer au bout de dix minutes. Et on rejoue moins de 24 heures après, et les gars avaient vraiment la volonté de se battre et d’aller gagner le match, à cinq pros et trois espoirs. C’est l’identité qu’on veut donner à cette équipe avec Rémi, d’être une équipe qui ne lâche rien.
Peut-être qu’on ne fera pas que des beaux matchs, mais on doit aussi être capable d’aller chercher les matchs difficiles quand on est dans un jour où ça ne rigole pas. On sait qu’en Nationale 1, si on veut aller au bout de notre objectif, il faudra aussi être capable de gagner les matchs difficiles, et c’est l’état d’esprit qui fera la différence.
Il y a aussi la profondeur d’effectif, même si on le verra mieux lorsque tout le monde sera là. On sait à quel point c’est important sur une saison de 40 matchs. Bien sûr que ça doit être une force chez nous. Il faudra arriver à garder le même état d’esprit. Les joueurs sont là en connaissance de cause. Ils savaient que l’équipe était riche et que personne ne jouera 35 minutes. Les joueurs sont dans cet esprit là. Au contraire, ça doit nous permettre de maintenir ou d’augmenter l’intensité quand les autres ne pourront pas la maintenir, ça aussi ça doit être une force chez nous.
Pour conclure, un mot pour les supporters avant d’attaquer le championnat avec la réception de Metz ?
On a hâte de les retrouver à domicile, dans cette salle qui sait être si chaude dans les grandes soirées. On compte sur eux pour nous pousser, en tout cas on va tout faire pour qu’ils aient envie de vibrer avec nous, qu’on partage des émotions tous ensemble et qu’on aille gagner le plus de match possible. Le mot d’ordre, c’est le partage et que le maillot soit toujours défendu chèrement, quel que soit le match.